Nouvelle aventure ! Première Newsletter de notre Projet en Israël.
Publié le 28 octobre 2024
Pour le dernier volet de notre trilogie Cuba/Japon/Israël, que nous réalisons en ce moment en Israël, je vais vous envoyer chaque mois une newsletter vous décrivant nos pérégrinations. Voici la première qui est également parue dans le magazine 9Lives. Vue depuis notre appartement, situé dans le quartier de Noga, donnant sur la mosquée Mahmoudiya et l’église Saint Pierre de Jaffa. Shalom, shalom ! Nous voici désormais en Israël, dernier chapitre de notre trilogie familiale après Cuba en 2016 et le Japon en 2019. Ces trois sociétés partagent un point commun : elles interrogent la place de l’individu au sein du corps social, dans des pays aux frontières fragiles et/ou souvent isolés dans leurs régions. Depuis un mois, nous avons posé nos valises à Tel-Aviv avec Olivia, Alma, Hugo et Thao. Ce premier mois a été particulièrement intense, rempli de rencontres, de découvertes, d’émotions, et marqué par une tension constante. L’arrivée à Tel-Aviv : le calme avant la tempête Nous avons atterri à Tel-Aviv le 31 août, et dès notre arrivée à l’aéroport, l’atmosphère pesante et la multitude de portraits des otages israéliens nous ont immédiatement plongés dans la tristesse de cette époque et le contexte douloureux du conflit actuel. Mais en rejoignant le centre, nous avons retrouvé l’énergie vibrante qui caractérise Tel-Aviv, la ‘Colline du Printemps’, construite sur le sable et toujours en pleine effervescence. Notre appartement se situe entre Jaffa, l’ancienne ville portuaire palestinienne, et Neve Tzedek, un quartier bohème qui incarne le renouveau de la ville. Très vite, nous avons pris nos marques dans cet environnement contrasté et fascinant. Un quartier multiculturel Notre quartier est un véritable carrefour de cultures et de religions. Chaque jour, l’appel à la prière du muezzin résonne dans les rues, suivi des cloches de l’église Saint-Pierre de Jaffa. Cette cohabitation des trois grandes religions monothéistes est un spectacle quotidien, et les enfants sont captivés par cette diversité culturelle. Les défis du quotidien Tel-Aviv est une ville chère, et chaque achat demande un peu de stratégie. Premier défi donc : dénicher des endroits qui ne feront pas exploser le budget ! Deux jours après notre arrivée, les enfants ont fait leur rentrée scolaire. Malgré quelques appréhensions, tout s’est très bien passé. Alma, Hugo et Thao se sont rapidement acclimatés à leur nouvelle école, où ils ont été chaleureusement accueillis. Deux jeunes filles effectuant leur service militaire à la gare ferroviaire de Tel-Aviv. Celle de gauche vient tout juste de commencer, tandis que celle de droite fait déjà partie d’une unité de la police des frontières israélienne (MAGAV). Une présence militaire omniprésenteIl est encore difficile de s’habituer à la présence constante d’armes dans les rues. Voir autant de jeunes, en uniforme ou en civil, armés de fusils d’assaut, est troublant. Ici, le service militaire est obligatoire, et à 18 ans, garçons et filles sont déjà sur le terrain. C’est un contraste saisissant de voir ces jeunes à peine majeurs évoluer avec des armes tout en menant leur vie quotidienne. Le cœur de Tel-Aviv et d’Israël bat au rythme des otages. Ils sont présents partout, dans les rues, sur les façades des immeubles, dans les maisons, les restaurants, sur les voitures, sur les vêtements. 251 personnes ont été enlevées le 7 octobre 2023. 63 personnes sont encore otages dont deux enfants. 34 personnes dont les corps n’ont pas été retrouvés ont été déclarées mortes. 37 personnes ont été retrouvées mortes par les soldats de Tsahal. 117 libérations ont été obtenues. Le souvenir du 7 octobre Le 7 octobre a laissé une empreinte profonde en Israël, et Tel-Aviv, tout comme le reste du pays, porte encore les plaies béantes de cette tragédie. Les rues sont remplies de rubans jaunes et d’affiches soutenant les otages captifs. Chaque samedi, des manifestations réclament leur libération. La solidarité et la douleur collective sont omniprésentes. David avec une famille du village druze Yanuh-Jat, dans le nord d’Israël, lorsque nous leur donnons un appareil photo jetable et un carnet de note après avoir réalisé une mise en scène. Guila sous les oliviers d’Ibrahim dans la vallée de Hinnom, aussi appelée vallée des lépreux. Nos premières rencontres : des moments forts Peu après notre arrivée, j’ai commencé à travailler avec Guila et David, mes fixeurs sur place. Guila, véritable encyclopédie vivante, connaît l’histoire d’Israël, de la Palestine et de leurs habitants dans les moindres détails. David, photographe et réalisateur, possède, tout comme Guila, un talent exceptionnel pour nouer des liens authentiques avec chaque personne que nous rencontrons. Nous avons partagé des moments intenses, comme notre premier Shabbat chez la sœur de David, une soirée chaleureuse et émotive. Nous avons également passé un autre Shabbat avec Katie, une amie de Guila, qui accompagne les victimes traumatisées par les événements du 7 octobre. Le mur des lamentations à Jérusalem un soir de Shabbat. Jérusalem : une expérience bouleversante Notre visite à Jérusalem avec Guila a été un moment fort. Le poids de l’histoire est palpable dans chaque rue. Nous avons arpenté le marché arabe, le quartier chrétien, puis visité l’église du Saint-Sépulcre, quasiment vide, loin des foules habituelles. Ce moment de recueillement, hors du temps, a été particulièrement marquant. Quelques heures après notre départ, un soldat israélien a été poignardé à la Porte de Damas, rappelant que la violence est toujours présente, même dans un cadre aussi chargé d’histoire. Première alerte missile : une nuit sous tension Quelques jours après notre retour de Jérusalem, nous avons vécu notre première alerte missile. La nuit était calme jusqu’à ce que la sirène retentisse, signalant l’arrivée d’un missile lancé depuis le Yémen par les Houthis. Nous avons précipitamment emmené les enfants dans notre mamad (pièce sécurisée), tandis que les explosions du Dôme de fer résonnaient au loin. Malgré la tension palpable, les enfants sont restés étonnamment calmes. Tamar, une habitante du kibboutz de Klil en train d’essayer ma chambre photographique . Une grand-mère et son petit fils dans le port de pêcheurs du village arabe Jisr al-Zarqa. En conversation avec Gilles Alexandre dans le kibboutz Ma’ale Efraim à la frontière nord avec la Cisjordanie. Voyage dans le nord : entre découvertes et incertitude Avec David, j’ai exploré le nord d’Israël, une région à la fois magnifique et sous tension en raison de sa proximité avec le Liban. Nous avons visité des kibboutz et vécu des moments précieux avec leurs habitants, tout en partageant des repas dans des villages druzes et palestiniens, certains marqués par la présence oppressante du mur de séparation avec la Cisjordanie. Plus au centre, à Baqa al-Gharbiyye, les habitants nous ont raconté comment le mur avait bouleversé leur quotidien, séparant familles et communautés. Nous avons également échangé avec de jeunes militaires sur la jeunesse israélienne, ainsi qu’avec des Juifs orthodoxes en mission, et des personnes incroyablement fortes et inspirantes qui cherchent à unir plutôt qu’à diviser. La situation s’est aggravée lorsque le Mossad a lancé une opération visant à neutraliser les bippers et talkies-walkies du Hezbollah. Des explosions ont secoué la région, et peu après, l’annonce de la mort de Hassan Nasrallah, le leader du Hezbollah, a renforcé l’incertitude, laissant craindre une escalade imminente. Bien que les habitants semblaient rester calmes, l’inquiétude était palpable. Face à l’intensification des tensions, je me suis inquiété pour Olivia et les enfants restés à Tel-Aviv et ai décidé de rentrer plus tôt que prévu. Ce voyage m’a révélé non seulement la remarquable résilience des habitants du nord, mais aussi la précarité de la paix. Retour à Tel-Aviv : sécurité et vigilanceÀ mon retour, Olivia m’a raconté qu’elle et les enfants avaient vécu une alerte missile alors qu’ils étaient à la plage. Ils ont dû se précipiter pour trouver un mamad public en quelques secondes. Heureusement, grâce à l’aide des locaux, ils ont pu se protéger tout en gardant leur calme. J’ai été frappé de voir à quel point ils se sont adaptés à cette nouvelle réalité, même si l’anxiété grandit chaque jour. Nous en parlons régulièrement, envisageant un départ si la situation l’exige. Conclusion : adaptation et résilienceCe premier mois en Israël nous a plongés dans une réalité faite de tensions et de rencontres humaines extraordinaires. Nous apprenons à vivre sous cette pression constante et nous nous acclimatons peu à peu. Le projet avance bien, malgré l’incertitude ambiante, et nous continuons à explorer ce pays fascinant et à rencontrer sa population, un pas après l’autre. Yallah yallah comme on dit ici. PS : Mardi 1er octobre — Attentat terroriste et missiles iraniens Juste avant d’envoyer cette newsletter, un attentat a frappé Jaffa, près de chez nous, suivi du tir de 200 missiles balistiques iraniens. À l’alarme du Dôme de fer, nous avons rapidement regagné notre mamad, où nous sommes restés environ une heure. Les enfants, bien que calmes, ressentaient la tension ambiante. Cet attentat, qui a fait plusieurs victimes, associé à la violence de l’attaque iranienne, nous pousse à envisager sérieusement le retour des enfants à Paris pour leur sécurité.Dans mon prochain journal de bord, je vous raconterai cet événement, ainsi que la commémoration du 7 octobre et l’état du pays et de la région à l’anniversaire du massacre qui a déclenché une guerre qui semble interminable. |
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